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Le Rameau de Salzbourg de Victoria Ocampo

Une passion clandestine


Dans la société aristocratique argentine du début du XXème siècle, la femme a un rôle limité en dehors de la maison.
La belle Victoria fait la rencontre d’un jeune homme qu’elle croit aimer. Trop contente de fuir la prison que représentent son milieu et sa famille, elle se marie précipitamment.
Mais seuls quelques mois lui suffisent pour comprendre sa terrible erreur, elle a simplement quitté une prison pour une autre. Et la voilà condamnée à payer son non discernement pour le reste de sa vie.
Son mari se révèle être mesquin, autoritaire, maladivement jaloux, ne la laissant libre de ses mouvements, la menaçant à chaque acte ou parole déplaisante d’en parler à son père…

Très vite, elle fait la connaissance du séduisant J avec qui elle connaîtra les affres de la passion. On en voit les prémices, la lutte pour ne pas sombrer vers ce qu’elle pressent être inéluctable. Elle sent déjà la chute et l’issue de cette rencontre avec ce brun ténébreux aux innombrables conquêtes.
C’est un vrai amour, même s’il est condamné à la clandestinité. La peur continuelle d’être découverte, et des lettres anonymes qui viennent dénoncer sa liaison alors qu’elle n’en est qu’à ses balbutiements la contraint à prendre d’éternelles et insupportables précautions. Elle passera alors huit ans, sous le même toit que son mari sans lui adresser la parole.
Dans ce récit autobiographique, Victoria Ocampo se livre toute entière. Dévorée par la passion, elle dévoile une jalousie maladive envers les femmes qu’a connues autrefois J.
Des salons luxueux parisiens aux villas de Buenos Aires, elle nous emmène dans le quotidien d’une femme désespérée d’avoir rencontré l’amour trop tard, le cachant toute sa vie à ses parents pour éviter un scandale.
Sa propre sœur n’avait-elle pas eue en guise de réponse de son père à la demande en mariage par le frère de J « qu’il préférait la voir morte que mariée avec cet homme ? », car il venait d’une famille de bâtards…

Entre roman et journal intime, Victoria Ocampo distille des réflexions personnelles et philosophiques. En quête de liberté, elle lutte pour changer la place de la femme dans une société, où le divorce est interdit, où conduire est aussi mal vu qu’écrire ; et où chaque instant, elle souffre car être femme, c’est ne pas être libre.
De sa plume fine et affûtée, sa prose séduit instantanément. Passionnée de Proust, Stendhal, Wagner et Dante, elle nous fait rentrer dans son intimité et en même temps offre un combat universel pour que la femme soit l’égale de l’homme.

Le Rameau de Salzbourg de Victoria Ocampo aux Editions Bartillat, 20 Euros, 154 P.

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