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L’Insoutenable légèreté de l’être de Milan Kundera
L’histoire
Kundera raconte l’histoire entremêlée de deux couples et à travers eux, les affres de l’amour. Teresa est serveuse dans un café de province, lorsqu’elle rencontre le beau Tomas, chirurgien, un livre ouvert devant lui. Elle y voit le signe d’une fraternité secrète et se met à l’aimer.
Elle débarque chez lui, à Prague peu de temps après et il en tombe également amoureux. Mais leur amour est entaché par le besoin viscéral de Tomas de séduire d’autres femmes.
Puis, c’est le Printemps de Prague, les chars russes envahissent la ville, le couple émigre un temps en Suisse, mais les infidélités de Tomas ne cessent et Teresa décide de repartir. Poussé par la compassion, il finit par la retrouver, mais ne peut exercer son métier, refusant de se soumettre au régime.
Un conte philosophique
L’Insoutenable légèreté de l’être est un conte philosophique où l’auteur ébranle le socle des croyances, revisite les mythes fondateurs pour mieux les faire s’écrouler. Milan Kundera, comme son personnage Tomas –chirurgien- dissèque l’âme humaine de sa plume fine et acerbe et remet tout en question, Dieu, la Genèse, la place de l’homme dans l’univers, le sens de la vie, la dualité du corps et de l’âme, l’amour et le désir…
Il évoque Nietzsche et « l’éternel retour » pour démontrer l’absurdité de la vie et le Banquet de Platon pour expliquer la difficulté d’aimer. L’homme et la femme, moitiés du même être, sont condamnés à chercher cet Autre, qu’ils ne trouveront jamais. L’écrivain se sert aussi du mythe d’Œdipe pour dénoncer la politique communiste de son pays et l’invasion de Prague par les Russes, en posant cette question fondamentale : « Est-on innocent parce qu’on ne sait pas ? » Mais cette notion de responsabilité est en réalité bien plus universelle et renvoie à tous les totalitarismes.
Les arts deviennent alors les seules armes de résistance. Le livre pour Teresa, qui cherche à combattre la grossièreté environnante, ou la musique, pour Franz, l’anti-mot, qui permet à l’âme de se libérer.
Au-delà de son aspect philosophique, l’auteur insuffle une dimension psychanalytique à son roman, où rêve et réalité se confondent parfois. Les rêves agissent ainsi comme des catalyseurs de conscience, révélant aux personnages ce qu’ils vivent.
Face à l’oppression politique et intellectuelle qu’il a connue, Milan Kundera s’impose comme un philosophe des temps modernes car il est l’homme qui interroge. Il aime déconstruire les mythes et les idées reçues pour injecter les siennes. Il jongle avec l’absurde et pousse à la réflexion, car son plus grand ennemi, est ce qu’il appelle le kitsch communiste, cette politique qui uniformise, espionne, pousse à la délation et enferme l’homme dans des croyances qui le privent de sa liberté.
L’Insoutenable légèreté de l’être de Milan Kundera chez Gallimard
Morceaux choisis
Tant que les gens sont encore plus ou moins jeunes et que la partition musicale de leur vie n’en est qu’à ses premières mesures, ils peuvent la composer ensemble et échanger des motifs (comme Tomas et Sabina ont échangé le motif du chapeau melon) mais, quand ils se rencontrent à un âge plus mûr, leur partition musicale est plus ou moins achevée, et chaque mot, chaque objet signifie quelque chose d’autre dans la partition de chacun.

Catégories: Critiques, Mes parutions, ★★★☆☆ - Bien · Tags: communisme, ecrivain, philosophique