Ma librairie

L’auteur raconte l’histoire de sa mère, Claire, fille de l’écrivain François Mauriac, qui s’engage pendant la Seconde Guerre Mondiale comme ambulancière auprès de la Croix Rouge Française.

On est dans la peau de cette très belle jeune femme intrépide et courageuse, qui cherche à exister par elle-même et non en étant la fille ou la femme de.

Parfois, enfantine, boudeuse ou en proie au doute, Claire livre ses pensées. En quête d’autres choses que ce que sa famille voudrait pour elle, une vie bien rangée, à Paris, avec les siens et mariée. Elle brave les dangers et c’est ce qui lui fait sentir qu’elle est en vie.

Ce livre nous emmène de Béziers où elle passe des armes et des messages dans les maquis, à Paris, à Cannes et enfin à Berlin.

Elle y trouvera un peuple laissé à l’abandon dans une ville entièrement détruite où les pauvres habitants ont faim, froid et se terrent dans les caves. Chaque jour, ils sont confrontés à la neige, la boue, la maladie, la mort, et à des hommes, des femmes et des enfants à sauver…

Mais Berlin, c’est aussi sa rencontre avec l’officier d’origine russe, le prince Yvan Wiazemsky, qui ne sait pas qui est François Mauriac et dont elle va tomber éperdument amoureuse.

Un récit au présent, ce qui perturbe d’abord puis par lequel on se laisse complètement prendre. Entrecoupé d’extraits du journal intime de sa mère, on y voit la vie au quotidien, les sorties, les bars, les flirts, la liberté et combien la camaraderie est importante.

Une photographie de cette période d’après-guerre, en France et en Allemagne, des mœurs, du combat d’une femme pour s’émanciper et devenir libre, mais également une grande et belle histoire d’amour.

Un témoignage fort sur cette jeunesse engagée et en pleine force de l’âge qui travaille sans compter pour sauver des vies.

Malgré la dureté de la vie, de la souffrance et des privations qui sont omniprésentes, ces années seront les plus belles de leurs vies…

Mon enfant de Berlin d’Anne Wiazemsky chez Gallimard

Morceaux choisis :

« Elle prend son cahier, s’allonge sur le lit et commence à le feuilleter comme si revoir son passé pouvait l’aider à décider de l’avenir. »

« Les équipes du 96 Kurfürstendamm continuent de se rendre dans les gares, dans les camps soviétiques, plus loin encore dès que quelqu’un leur signale une possible présence française ; à Frankfurt an der Oder où des trains déversent des êtres qui n’ont plus de nationalité, plus d’identité, plus de place en ce monde. »